Les combats de mai 1940

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Le 10 mai 1940

À l’aube, l’armée allemande attaque la Belgique. A l’appel des autorités belges, les forces franco-britanniques  pénètrent en Belgique, conformément au plan Dyle-Breda. Sur la Meuse, au Sud de Namur, la défense doit être assurée par l’infanterie de la 9e Armée française du Général Corap. Un rideau de cavalerie française doit aussi se déployer à l’Est de la Meuse. Selon les hypothèses du commandement français, ces forces n’auraient à affronter qu’une attaque allemande secondaire. Le dispositif français sur la Meuse est donc très faible. Les Allemands ne sont pas attendus sur les rives du fleuve avant le 14 ou le 15 mai. 

La réalité sera bien différente. En effet, le plan allemand, Fall Gelb, prévoit une offensive puissante et rapide à travers les Ardennes. Venant de Sankt-Vith, le XV.Armeekorps du général Hoth, fer de lance de la 4.Armee allemande s’avance vers Yvoir et Dinant pour franchir la Meuse au plus tôt. Pour cela, Hoth dispose de deux divisions de panzers (5. et 7.Panzer-Divisionen comptant plus de 500 chars soutenus par des pionniers, de l’artillerie et de l’infanterie motorisée).

Les 11 et 12 mai 1940

Malgré les destructions belges, la résistance de détachements de Chasseurs ardennais et les efforts de la Cavalerie française, la progression allemande est très rapide. Fin d’après-midi du 12 mai, les avant-gardes allemandes atteignent déjà Yvoir. Grâce à l’héroïsme du lieutenant belge du génie, Dewispelaere, le pont saute alors que des blindés ennemis (avant-garde de la 5.PAnzer-Division, commandée par le colonel Werner) se sont engagés sur l’ouvrage.

L’arrivée soudaine des panzers surprend complètement l’armée française : beaucoup d’unités sont encore en marche vers la Meuse, les travaux de fortification sont à peine entamés, les réseaux téléphoniques ne sont pas tirés… Le dispositif devant l’île de Houx est tellement léger qu’un bataillon en réserve (bataillon du commandant Cadennes du 39e Régiment d'Infanterie) doit y être engagé en catastrophe.

Nuit du 12 au 13 et journée du 13 mai 1940

En soirée du 12 mai, l’unité de reconnaissance du colonel Werner (5.Panzer-Division) traverse la Meuse à l’île de Houx via le barrage et l’écluse.  À l’aube du 13, l’infanterie de Werner suit le même chemin. Non sans difficultés, la division de Rommel franchit en radeau, à Bouvignes et en amont de l’île de Houx. Les combats à Bouvignes, Anhée, Senenne et Grange sont meurtriers. Les soldats français se battent courageusement mais ils n’ont eu que quelques heures pour s’installer; le front finit par se rompre. Cependant la ligne Moulins, Haut–le–Wastia, Hontoir, Rostenne, renforcée progressivement, résiste et ne cédera que le lendemain en début d’après-midi.

Vers 12 heures, un bataillon du 129e Régiment d'Infanterie est lancé en contre-attaque de Bioul vers Haut-le-Wastia. À 18 heures, malgré quatre bombardements et de nombreuses pertes, les soldats français occupent le sommet du village (endroit actuel du Mémorial). Les attaques aériennes allemandes contre les renforts montant en ligne, les positions d’artillerie, les postes de commandement et les convois de ravitaillement affaiblissent et désorganisent les défenses françaises. En fin de journée, une autre contre-attaque menée sur le plateau de Sommière, par une dizaine de chars légers du 6e Bataillon de Chars de Combat et quelques automitrailleuses du 1er Régiment d’AutoMitrailleuses repousse les Allemands dans les bois ; malheureusement l’Infanterie française harassée arrive trop tard pour réoccuper le terrain. Deux têtes-de-pont (Anhée/Haut-le-Wastia au Nord, Bouvignes au Sud) ont été conquises par la Wehrmacht. Au Sud, profitant de l’obscurité, Rommel pousse son infanterie de Bouvignes vers Onhaye. 

Le 14 mai 1940

En fin de nuit, le Ier Bataillon du 39e RI (I/39e RI) avance et occupe le bois de Surinvaux. La journée débute par une victoire française avec la reprise du village de Haut-le-Wastia par le 14e Dragons Portés soutenu par quelques automitrailleuses, faisant plusieurs prisonniers allemands dont un officier. Les combats acharnés, maison par maison, causent des pertes importantes. Sous la menace d’un double encerclement, les Dragons reçoivent cependant l’ordre de se retirer au-delà de la Molignée. En effet, au même moment, la 8.Infanterie-Division franchit la Meuse au Nord d’Yvoir pendant que la 7.Panzer-Division de Rommel se bat dans Onhaye, courageusement défendue par l’Infanterie et la Cavalerie française.

 Malheureusement, les soldats du 129e Régiment d'Infanterie commandés par le capitaine Fockedey, arrivés la veille à l’endroit même du Mémorial de Haut-le-Wastia et le I/39e RI au Bois de Surinvaux restent esseulés. Ces derniers défenseurs du secteur succomberont devant les panzers vers 14 heures. Haut-le-Wastia restera ainsi une victoire insuffisante pour arrêter la percée allemande. Jusqu’à la nuit, les combats s’étendent au Sud, d’Onhaye à Weillen et Gérin puis à Anthée et Morville, et au Nord à Warnant et Bioul, ou encore à Profondeville, Arbre et Lesve.

Espérant encore repousser le XV.Armeekorps de Hoth, l’état-major français détourne la 1re Division Cuirassée (1re DCR) du général Bruneau vers le Sud en vue d’une contre-attaque de flanc au profit de Corap. Le déplacement des chars français se déroule en partie de nuit, passant inaperçu des Allemands. Cependant, les puissants Renault B1 bis et les plus légers chars Hotchkiss arrivent avec des réservoirs vides sur leurs positions entre Ermeton, Flavion et Corenne. Le carburant arrivera difficilement durant les combats du 15. Plusieurs B1 bis ne seront jamais ravitaillés. La même nuit, le général Corap ordonne  à ses unités, de retraiter vers la France.  La 1re DCR se trouve ainsi isolée à Flavion.

Le 15 mai 1940

Au matin, débouchant d’Anthée, les panzers de la 7.Panzer-Division ont la surprise d’être engagés depuis Flavion par des blindés. Après quelques accrochages entre panzers et chars français, Rommel reprend sa progression vers l’Ouest. Soutenu par des Stukas, il disloque complètement le dispositif français et atteint déjà Cerfontaine à 15 h 30. Pendant ce temps, le colonel Werner avec son seul Panzer-Regiment.31 affronte les B1 bis de Bruneau. Mieux entraînés, plus expérimentés et commandés depuis l’avant par radio, les panzers battent avec difficultés la 1re DCR.. Bruneau doit ordonner le repli. Avec ses lourdes pertes et complètement désorganisée, la division française n’est déjà plus opérationnelle. Les combats de Denée (destruction de la 3e Cie du 37e BCC) et de Florennes ne changeront rien. Le 15 mai au soir, la percée allemande se transforme en exploitation que la 9e Armée ne pourra plus arrêter.